dimanche 25 décembre 2011

Samedi 24 décembre : comment nous avons tué la compassion...

Une chanson : Happy Christmas (war is over) de John Lennon


Une image :


Un texte :


Il y’avait des soleils, il y’avait des mirages. 
Et puis un beau matin, plus rien. 

Auparavant, l’amour, la pluie et quelques miettes de pain suffisaient à nous sustenter. 
Et puis, on avait appris à se haïr. Et les goûts, ainsi que les couleurs, faisaient de bons prétextes à se déclarer la guerre.


Il y’avait des soleils, il y’avait des mirages.
Et puis un beau matin, plus rien. 
On avait appris à détester notre voisin, notre prochain, son chien...
et tous ceux qui nous étaient différents.
On avait égaré, dans notre grande encyclopédie humaine, la définition d’un sourire et les synonymes du verbe aimer.
Et la Haine, avec un grand H, était entré dans notre quotidien, comme Christophe Colomb à la page des noms propres : triomphant d’une renommée et d’une réputation que bien des maux avaient aidé à forger. Encore exaltés de la découverte d’une terre vierge d’où avaient été chassés les derniers adorateurs de la bonté, nous n’avions alors pas encore conscience de l’irréversible et sinueuse voie vers laquelle nous marchions à pas déterminés.


Il y’avait des soleils, il y’avait des mirages.
Et puis un beau matin, plus rien.
Désormais, si l’autre était faible on l’achevait plutôt que de lui tendre la main. 
S’il était plus fort en revanche, nous baissions les yeux, observant le respect de rigueur que l’on doit aux plus grands d’entres nous. Ne pas se mettre sur leur chemin si nous avancions plus doucement, ne surtout pas les ralentir.
On reconnaissait ces Grands, aux montres qu’ils portaient, à l’air dédaigneux qu’ils arboraient, à leur façon de grimacer si vous les approchiez d’un peu trop près. 


Il y’avait des soleils, il y’avait des mirages.
Et puis un beau matin, plus rien. 
Milles et unes raisons nouvelles d’avoir peur, d’être incertains.
C’est le pied mal assuré que nous nous levions de bon matin. 

Chacun avec sa peine, tous avec notre rage.
Qu’importe ce qui nous poussait à nous haïr.
Qu’importe les démons qui nous rendaient si laids.
Nous avions, d’un commun accord, chacun de notre côté et pourtant tous ensemble, dans un ultime acte collectif qui marquait la fin de notre humanité, tué l’amour ... et la compassion par la même occasion. 

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