Que j'avancerai nue,
Que j'avancerai seule,
Que j'irai sans complice,
Sans arme et sans indice.
On m'avait annoncé,
On m'avait annoncé,
Que le chemin serai,
Sinueux, imparfait.
Et que jusqu'au linceul,
Et que jusqu'au linceul,
Je n'aurai de tutelle.
On m'avait dit :
On m'avait dit :
"Tu seras solitaire,
Et même tes amis,
Te laisseront à terre."
On m'avait murmuré :
"Je serai toujours là,
Jusqu'au jour où, ma belle,
Je ne le serai pas."
Mais je n'ai rien voulu,
Entendre de tout ça.
J'ai donné sans retenue,
J'ai donné sans retenue,
J'ai tout donné de moi.
Et j'aurai pu, déçue,
Et j'aurai pu, déçue,
Haïr les autres, et moi.
Mais je suis née pour aimer,
Mais je suis née pour aimer,
Pour ne pas perdre foi.
Pour croire encore en ceux,
Pour croire encore en ceux,
Qui ne méritent pas,
Qu'on leur tendent la main,
Quand eux, ne le font pas.
Je suis née pour aimer,
Je suis née pour sourire.
Je ne sais détester,
Je ne sais détester,
Je ne sais pas honnir.
Je ne sais mépriser,
Je ne sais mépriser,
Je ne sais pas maudire.
Mais j'ai appris les règles,
Mais j'ai appris les règles,
Je saurai m'en servir.
Car désormais je sais,
Car désormais je sais,
Que j'avancerai nue,
Que j'avancerai seule,
Que j'irai sans complice,
Sans arme et sans indice,
Puisque dans cette vie,
On a trop peu d'amis.